MOUVEMENT DEMOCRATIQUE SOCIALE ET LAIQUE (MDSL)
  Résolution politique
 

 

Résolution politique générale adoptée au 2ème congrès du MDS
 
 
1 - Dans toutes les sphères, des avancées historiques réelles, bien que contrariées par des pesanteurs et des intérêts étroits et retardataires, sont à l’ordre du jour. Le MDS n’oppose pas les luttes sectorielles, les possibilités d’accumulation quantitative avec la nécessité d’un changement qualitatif, cependant, le mouvement de cristallisation des forces du changement à travers l’émergence de nouvelles polarités radicales ne s’est pas encore traduit en une conscience politique exigeant le changement de la nature de l’Etat et ne permet pas encore d’opérer les ruptures nécessaires
 
Le MDS, dans la continuité de la ligne PAGS/ETTAHADI, et dans les limites et conditions imposées par la confrontation sanglante avec l’islamisme et son bras armé terroriste, s’est attelé à l’identification des voies et moyens de ce changement. Il a d’abord et avant tout démontré l’impossibilité de contourner la crise de l’Etat hybride et du système rentier en persistant à vouloir concilier les intérêts antagoniques de deux projets de société, l’un démocratique moderne et l’autre archaïque théocratique. La ligne de double rupture avec le système rentier bureaucratique et l’islamisme prônée par ETTAHADI-MDS a connu des évolutions en lien avec l’évolution du rapport de forces et les priorités.
 
2 - Face à l’imminence de la prise du pouvoir par les islamistes, il fallait barrer la route à l’instauration d’un Etat théocratique portant la rente à son paroxysme et dévoiler le danger du compromis qui pouvait servir de marchepied à l’islamisme. Cependant, à partir du milieu des années 90 et notamment le choix porté sur Bouteflika par les décideurs, l’ordre des priorités avait changé dans la mesure où le compromis avec l’islamisme, même s’il porte toujours en lui le danger de la menace islamiste, vise avant tout à sauver le système en essayant d’intégrer l’islamisme. Si l’Etat hybride au début des années 90 pouvait être l’anti-chambre de l’Etat théocratique, il est un moyen aujourd’hui de reproduction du système et de pérennisation de la rente. Il empêche et contrarie l’alternative de rupture démocratique et n’écarte pas définitivement la menace intégriste parce qu’il empêche la consécration de la défaite de l’islamisme.
 
Le MDS en identifiant l’islamisme comme ennemi principal et en assumant la résistance et lutte contre lui sur tous les plans, s’est affirmé comme un acteur essentiel du front de résistance à l’ultra réaction et de la préservation de l’Etat national, tout en assumant, sans concession, sa vocation de force de progrès, en développant une critique constante du système et en affirmant l’exigence de son dépassement. C’est là le sens du mot d’ordre de double rupture qu’il défend et porte depuis des années. Son autorité morale, son crédit, ainsi que le rôle joué par El Hachemi Cherif lui ont valu une estime auprès de très larges pans de la société.
 
ETTAHADI-MDS s’est affirmé en tant que force autonome, consciente des enjeux historiques de la confrontation actuelle, attachée aux intérêts des forces de la production, du travail et du savoir. Ni l’acharnement rageur de l’islamisme sur ses cadres et militants, ni les pressions multiformes du système pour le « normaliser », n’ont eu raison de son attachement à une véritable sortie de crise. Refusant de cautionner tout processus politique qui porte en lui la moindre banalisation ou légitimation de l’islamisme et de reproduction du système, il a vu son action prendre souvent les formes et les limites de la clandestinité, notamment au début des années 90. Le processus électoraliste tel qu’engagé par le système depuis le début de la crise ne pouvant constituer une solution à celle-ci. 
 
3 - Le MDS a combattu la sous-estimation du danger intégriste au sein du camp démocratique contenue dans les thèses désignant l’Etat comme partie du conflit face à l’islamisme d’un côté et la démocratie de l’autre. En concédant que le conflit en cours est tripolaire, ces thèses battent en brèche l’idée même de confrontation historique entre deux projet de société et en arrivent à conclure à l’irréductibilité de l’islamisme, sans opérer de distinction entre l’islamisme politique, mouvement fascisant rétrograde et ultra réactionnaire, et l’islam comme religion dominante, majoritaire avec ses multiples facettes d’expression culturelles et spirituelles. Ces mêmes thèses en viennent à reconnaître la possibilité de l’instauration du suffrage universel comme mécanisme d’expression et de gestion de la société, dans le cadre de l’Etat hybride, compromis à la fois de l’Etat moderne et de l’Etat théocratique et à ne centrer leurs critiques des élections que sur la fraude la plus évidente. Ces approches réductrices ont été vite investies par l’islamisme qui y a identifié une possibilité d’intensification de son action de l’intérieur même du système et de renforcement de ses positions en son sein, en particulier depuis que l’action terroriste lui a fait perdre certains pans de la société.
 
4 - Il n’existe pas un lien mécanique entre recul du terrorisme et recul de l’islamisme en tant que matrice idéologique. Si le premier a été vaincu grâce aux luttes et sacrifices des citoyens, des patriotes et des forces de l'ordre – encore que la persistance et parfois même la recrudescence des actes terroristes en relativise la portée – le second se redéploie sur le terrain idéologique et dispose de leviers de plus en plus importants au sein du pouvoir et des institutions, contrariant les évolutions de la conscience, y compris l’émancipation de la conscience et de la pensée musulmanes de l’islamisme.
 
Le référendum du 29 septembre 2005, malgré le rejet massif, en est la confirmation puisque il démontre la persistance du danger de l'alliance islamo conservatrice. Sur les initiatives du pouvoir imposées par l’évolution objective de la société et le contexte international, Hachemi CHERIF développait : « … il n’est pas évident qu’elles affectent la nature profonde du pouvoir qui continue par mille et une voie de s’exprimer dans le discours et les autres initiatives en direction des islamistes… Mais, il reste que la question de l’amnistie et de la réconciliation nationale peut servir encore de marche-pied à l’islamisme ».
 
5 - Comment le pouvoir peut-il prétendre « clore le dossier » de l’intégrisme sans la condamnation claire et sans équivoque des crimes islamistes, sans l’affirmation claire que les forces, les organisations et les éléments qui les composent n’ont pas été l’expression d’une religion, mais son détournement et son dévoiement ? Comment faire l’impasse sur la dénonciation de l’agression caractérisée, délibérément barbare et sauvage contre le peuple algérien et ses institutions, qu’a été le terrorisme ? Comment faire fi de a dimension transnationale de l’intégrisme et de son bras armé, le terrorisme ?
 
 On peut pas battre le terrorisme, sans disqualifier l’islamisme politique. Cela passe aussi par la nécessité de faire valoir la justesse de la résistance et des sacrifices de la société, notamment des patriotes, des démocrates et des forces de l’ANP et des autres services de sécurité qui ont empêché que le pays ne sombre dans la barbarie. Il s’agit aussi d’en expliquer le sens et d’en faire un atout dans la nécessaire œuvre de reconstruction de la conscience sociale face aux effets dévastateurs du terrorisme islamiste, des traumatismes qu’il a provoqués, et le nécessaire travail de réparation qui ne peut s’opérer que par une intelligence de ses effets pervers sur la conscience.
 
6 - Le pays a-t-il achevé la phase d’accumulation primitive pour asseoir des rapports de production capitalistes modernes ou la domination de la rente empêche-t-elle toujours ce passage ? Il nous faut faire preuve d’une extrême vigilance pour caractériser l’étape non pas à travers les objectifs qu’elle devrait réaliser mais par les processus historiques réels tels qu’ils se déroulent.
 
Notre mouvement doit s’atteler à clarifier les enjeux de la crise et l’alternative liée à la crise de la nature de l’Etat dans un mouvement qui consacre définitivement la défaite de l’islamisme et opérer les ruptures nécessaires avec le système rentier par la consécration d’un Etat de droit assis sur un socle de valeurs universelles et l’instauration d’une économie basée sur les forces de la production. Le MDS a mis en avant le besoin pour notre pays d’arriver à un nouveau consensus démocratique.
 
7 - La question des voies et des moyens pour opérer ces ruptures nécessaires est tributaire de conditions objectives et subjectives qui dépendent de l’édification de notre instrument politique, de l’émergence de nouvelles forces politiques, de l’attitude du pouvoir et des rapports Etat/société. Les résultats du référendum sur la Charte pour la paix et la réconciliation confirment la tendance forte à l’abstention et le refus de l’impunité pour l’islamisme. Ils révèlent par ailleurs la nature d’un pouvoir fermé et portant la fraude à un niveau inimaginable, mû par des velléités despotiques et empêchant toute expression démocratique…
 
8 - L’Algérie est face à un cas de figure inédit où des couches rentières s’accaparent le pouvoir et passent d’un système rentier où l’Etat est le principal distributeur et qui aurait pu jouer un rôle dans la transformation de la rente en capital, à une privatisation de cette rente. Un tel changement dans les rapports de propriété n’est-il pas sans conséquences sur les rapports de productions ? Ces rapports n’affectent-ils pas à leur tour structurellement la rente ?
 
Plusieurs facteurs empêchent cette transformation. D’abord, les intérêts de ces couches s’opposent de façon antagonique aux intérêts du capital moderne et productif. Ensuite l’articulation des intérêts de ces couches avec ceux du capital financier international - qui structure le monde en aires de production (là où il optimise les conditions de production et minimise les coûts de production) et en aires de distribution et/ou de ressources en hydrocarbures et de matières premières- tendent à maintenir l’Algérie dans cette dernière aire, pas uniquement en raison des hydrocarbures mais aussi et surtout parce que la nature du pouvoir algérien l’empêche de concevoir un autre type d’intégration au marché mondial, seul un Etat démocratique moderne peut la négocier souverainement.
 
9 - Le capital financier international s’accommode du pouvoir actuel. Enfin si le maillon principal reste le maillon politique, il faut souligner qu’avec la prééminence de l’alliance islamo conservatrice, l’idéologique leste encore l’économique, d’autant plus qu’en Algérie elle s’articule à des questions fondamentales: la place de la femme et de la famille, la question de l’héritage, les impôts, la nationalité, l’identité et le statut des langues… On ne peut éluder ces questions sans risquer d’hypothéquer les chances d’asseoir les mécanismes d’une rationalité économique dont l’Algérie est grosse.
 
10 - La situation du pays confirme chaque jour un système bureaucratique, autoritaire qui, écrivait, feu Hachemi Chérif « inhibe ou même interdit la formation des moyens et des instruments de sa réforme, il se trouve dans l’impossibilité de se réformer. La rente est son axe central, le fondement, l’assise qui le porte. Son hybridité lui permet de se redéployer, de se légitimer et se re-légitimer en permanence. Il est incapable de résoudre les problèmes majeurs actuels, à plus forte raison réaliser des accumulations. Son comportement n’obéit à aucune stratégie claire, cohérente, pouvant déboucher sur des accumulations. Celles-ci ne sont possibles dans ce type de système, ni par sa linéarité, ni par bonds en avant (l’une et l’autre de ces deux logiques supposant la production des forces du changement). La rente reste la principale ligne de démarcation/et ou de discrimination. Des rapports de forces croisés, réciproquement inversés. Une telle structure ne préfigure et ne porte dans son ventre aucune possibilité de changement interne ou externe du système, fusse par des élections et surtout pas par des élections, d’autant qu’elles sont fraudées de bout en bout, tant que de nouvelles forces objectives liées à l’essor des facteurs objectifs et notamment dans l’économie et la structure de classe de la société n’ont pas émergé au détriment de la rente et des bases sociales qui en profitent ».
 
 
11 - Pour le MDS, la question des élections est un moyen, pas une fin en soi. L’analyse concrète de la situation concrète nous impose donc de subordonner la question de la participation aux élections à l’analyse de chaque échéance. Notre mouvement ne peut fermer la porte à une éventuelle participation comme il ne peut trancher son concours à une quelconque échéance électorale avant même qu’elle ne soit décidée et sans connaître les tenants et les aboutissants. Dans tous les cas, c’est la possibilité ou pas d’un scrutin de constituer une véritable issue démocratique qui détermine la position du MDS.
 
12 - Si le MDS se place résolument du côté du progrès et des intérêts des forces du travail et du savoir, il ne conçoit pas le concept de gauche en passant au-dessus des exigences de la transition de la pré-modernité à la modernité. Pour notre mouvement l’avenir des forces du travail et du savoir se confond avec l’intérêt général de toute la nation, à savoir l’émergence du capitalisme moderne consacrant, pour nous, la citoyenneté, la justice sociale, et la démocratie.
 
Le MDS s’attachera donc à organiser les forces qu’il représente tout en agissant de manière plus large en vue de peser pour une autonomisation socio-économique et politique des forces du travail et du capital et les soustraire aux effets dévastateurs de la rente économiquement et de l’alliance islamo conservatrice politiquement.
 
Dans le même mouvement et puisque « à partir, du moment où depuis 1990 nous avons fondé la thèse suivant laquelle le parti est un rapport social, et que donc son identité n’est pas immuable, peut-être bien, la question devient-elle plus profonde aujourd’hui que la situation dans le pays, éclairée parce qui se passe dans le monde, implique des adaptations, des ajustements, des changements majeurs, le pays étant situé en pleine bifurcation ? Alors, adaptation à droite pour coller au réalisme, s’en remettre à ce qui est présenté comme l’évidence, ou réaffirmer notre vocation progressiste de gauche moderne capable de trouver le compromis le plus positif entre les intérêts des travailleurs, des cadres, des masses populaires et ce qu’on peut tirer de ce réel et du rapport de force qu’il impose ? Les restructurations de la gauche en cours dans le monde devraient nous encourager à mener ces débats avec lucidité ».
 
13 - Notre mouvement a mis en relief l’amorce d’un processus d’émergence de nouvelles polarités radicales d’une part, une radicalisation de plus en plus nette des formes de lutte d’autre part. Cependant l’hégémonie des forces conservatrices sur le “ mouvement associatif ” et “ syndical ”, les effets pervers de la rente sur les consciences, la répression systématique et la capacité du pouvoir à dévoyer et à corrompre lestent et contrarient le processus de transformation de cette conscience spontanée en une conscience organisée capable de peser sur les contradictions en cours en Algérie.
 
14 - Si la conscience sociale a évolué sous l’effet des mutations socio démographiques et dans l’affrontement avec l’intégrisme et son bras armé le terrorisme ainsi qu’avec l’évolution du contexte international qui les enserrent, le système rentier et l’idéologie populiste et islamiste contrarient l’émergence d’une élite de la société civile capable de faire un contre-pouvoir agissant, et freine la difficile recomposition de la classe politique. La patrimonialisation de l’Etat, les partis-Etats et les partis islamistes sont autant de blocages à l’émergence de partis politiques modernes débarrassés de la rente et se posant comme alternative véritable au système politique et à la classe politique actuelle. Le MDS, dans ses efforts de construction d’une alternative, devra s’attacher à œuvrer pour autonomiser la société civile et ses organisations.
 
15 - L’islamisme dans son entreprise de destruction a décimé les élites par l’assassinat et l’exil massif des intellectuels et des cadres. Les milieux conservateurs et prédateurs ont conjugué leurs efforts pour assurer leur propre hégémonie sur l’Etat par l’exclusion et la marginalisation de ce qu’il compte encore d’éléments de progrès. Le pouvoir de l’Etat hybride reste incapable de concevoir la sortie de crise et de la réaliser. Elle se fera par sa négation et son dépassement, même si entre temps, des segments du système s’affranchissaient des pesanteurs de la rente et rejoignaient le pôle positif de la contradiction.
 
La question n’est donc pas de savoir s’il y a des forces démocratiques au sein des institutions, mais de savoir comment elles peuvent peser dans le changement tant qu’elles restent embourbées dans les mécanismes du système. Au lieu d’en dépasser les faiblesses, les étroitesses et les conséquences, elles les reproduisent et freinent le développement au lieu de le stimuler, démontrant chaque jour que même une éventuelle évolution vers une dictature bureaucratique et despotique imposant au pays une voie unique, unilatérale et néo-libérale ne saurait constituer un dénouement à la crise nationale. Tant que ces forces restent dans cette position ou rejointes par d’autres, elles seront toujours tentées de composer, de ménager les rapports de forces en place, de tenter de réformer et donc de participer à la reproduction du système au lieu d’agir pour le transformer.
 
16 - La question du rassemblement des forces démocratiques est intimement liée à l’autonomisation des forces socioéconomiques du capital et du travail, condition majeure pour une recomposition de la classe politique. C’est pourquoi le MDS doit œuvrer simultanément à multiplier les efforts de rassemblement des forces démocratiques et dans le même mouvement œuvrer pour soutirer les forces du travail et du capital de la domination des effets dévastateurs de la rente qui les maintiennent toujours sous l’influence du pouvoir.
 
Les forces du changement démocratique ont été minorisées par une pression combinée du système et de l’intégrisme mais aussi par leur propre inconséquence parce qu’incapables de proposer une alternative de sortie de crise.
 
La question de l’autonomie de la société, du mouvement social et des partis politiques est une exigence stratégique pour toute solution positive à la crise.
 
 
Alger, le 23 février 2007
2ème Congrès « Hachemi CHERIF »
 
 
 
 
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