MOUVEMENT DEMOCRATIQUE SOCIALE ET LAIQUE (MDSL)
  Terrorisme de luxe et terrorisme ordinaire :Liberté19 Juillet 2009:
 
 
Chronique (Dimanche 19 Juillet 2009)

 
Terrorisme de luxe et terrorisme ordinaire
Par :Mustapha Hammouche

Le secrétaire général de l’ONU, mais aussi son Conseil de sécurité, le haut commissaire aux Affaires étrangères de l’UE, mais aussi la plupart des États d’Europe, le président des États-Unis, mais aussi sa secrétaire d’État, les ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN, le secrétaire général de l’OCI… Le monde s’est élevé contre l’attentat de Jakarta.
Cette belle unanimité rassure sur la capacité intacte du monde, et de ses responsables politiques, à s’émouvoir face au fléau terroriste. À Bombay, où elle rendait hommage aux victimes des attentats du 26 novembre, Hilary Clinton a  fait le lien entre cette attaque, celle du 11 septembre à New York et celle de Jakarta, vendredi, en déclarant que ces “évènements ont marqué au fer rouge notre conscience collective”.
L’humanité ne peut qu’être frappée en effet par l’horreur comparable de ces attentats largement exposée par les médias. Maintenant que la secrétaire d’État le relève, il semble bien que la mémoire collective, en Occident, est en train de se construire autour d’un terrorisme de palace. Et on pourrait ajouter à ses fondements Bali, Charm El-Cheikh, etc. Peu de gens auront remarqué, le lendemain de Jakarta, le double attentat de Falloudjah qui aura pourtant fait presque autant de morts.
Le terrorisme des centres d’affaires et des stations balnéaires serait-il en passe de faire oublier le terrorisme de Kaboul, Islamabad ou Bordj Bou-Arréridj ? Il y a donc une hiérarchie géographique des actes terroristes auxquels correspond une échelle émotionnelle. Ce dialogue absurde entre la raison du “monde libre” et la déraison islamiste a fini par tracer le circuit de la terreur : il passe par le réseau des grands centres d’affaires et suit le périple des escales balnéaires. Entre deux attentats spectaculaires parce que médiatiques, il s’entretient aux confins du Pakistan et de l’Afghanistan dans les bourgades d’Irak, dans les maquis d’Algérie et les zones frontalières du Sahel.
Il est vrai que la plupart des régimes des pays éprouvés par le terrorisme ne recherchent pas la publicité autour des crimes commis contre les citoyens. Et cette émotivité sélective convient à leur stratégie de discrétion qui, pensent-ils, leur éviterait d’assumer l’échec politique dont le terrorisme constitue la manifestation la plus significative et la plus cruelle. En Algérie, on a décrété “la paix revenue”. Et qu’on n’en parle plus ! Pendant que l’islamisme belliqueux continue l’agression qu’il conduit résolument depuis deux décennies, on vante la “réconciliation nationale”, un processus qui, conceptuellement, se pose comme le contraire du terrorisme : la guerre recule, puisque la réconciliation avance. Les attentats ne sont alors que des anomalies dans un mouvement de fond vers “la paix”. Il ne reste qu’à mettre les endroits fréquentés par les étrangers hors de portée des frappes terroristes, à repousser le terrorisme hors de la capitale, si possible hors de la ville, hors d’atteinte des médias.
Moins on parlera de ce que nous subissons comme crimes terroristes, plus l’illusion réconciliatrice aura l’air d’une réalité.
Il y a le terrorisme “international” qu’on condamne et celui, “local” qu’on cache.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr

 
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